Non catégorisé

Tribune  : De retour de Turquie, une auteure franco-turque témoigne.

Je rentre d’Istanbul. Si je n’y étais pas allée, je n’aurais pas compris. Je n’aurais pas ressenti «l’esprit de Gezi» si je ne l’avais pas vu de mes propres yeux, en dépit des milliers de photos et de vidéos que j’épie obsessionnellement sur Facebook et Twitter depuis le 30 mai.

Ce parc abrite des milliers «d’habitants» depuis quinze jours. On y trouve bien évidemment des tentes, mais aussi une infirmerie, une longue table où des volontaires distribuent gratuitement de la nourriture, des ateliers artistiques, une bibliothèque, un forum pour discuter de choses et d’autres (j’ai vu un cours de mathématiques et une discussion sur l’urbanisme). Des jeunes nettoient, briquent, trient les poubelles en permanence, puis rentrent chez eux pour se laver et dormir pendant que d’autres prennent la place. On y accueille un professeur qui est venu pour faire réviser ses élèves, on y joue au volley, on y réveille le voisin pour qu’il ne loupe pas son examen, on se prête des livres, on y fait du yoga et de la musique. Une fille voilée boit de l’eau dans la bouteille d’une transsexuelle, une fan de Justin Bieber danse sur un chant kurde, des supporters d’équipes de foot ennemis échangent des maillots. Quand le gouvernement coupe la 3G, ce sont les commerçants qui leur donnent leur code wifi pour qu’ils puissent continuer de twitter

Des «Clark Kent» devenus «Superman» en une nuit

La plupart de ces jeunes ne s’était jamais intéressé à la politique, n’avait jamais scandé un slogan. Ils ont appris en une nuit comment se protéger des blindés, comment respirer avec un masque de plongée lors d’une attaque de lacrymo, comment aider les blessés, comment construire des barricades, comment «rendre» les bombes aux policiers avec des gants de jardiniers. Ils se moquent d’eux-mêmes disant que ce sont des «Clark Kent» devenus «Superman» en une nuit.

Il y a beaucoup d’anecdotes émouvantes, drôles et belles sur cette vie communautaire mais l’une d’entre elles a son importance: dans ce parc, il y a aussi de jeunes musulmans croyants. Lors de la fête religieuse du jeudi soir, ceux-là ont demandé aux autres de modérer la consommation d’alcool et leur demande a été respectée. Le lendemain, quand ils ont voulu faire leur prière du vendredi, d’autres jeunes en short et tongs ont fait un cercle autour de cette mini-mosquée improvisée en plein air pour que les croyants ne soient pas dérangés.

Voilà comment ces jeunes-là, dans leur combat commun, ont spontanément trouvé le sens du «vivre ensemble dans l’espace public», sans avoir besoin de philosopher sur la définition de la laïcité. C’était tout simple, c’était du bon sens. Ils n’avaient pas besoin d’une loi qui réglemente l’alcool ou d’un Premier Ministre qui leur explique la morale. C’était juste un air de révolution qui était passé par là avec son vocabulaire, ses slogans, ses règles, ses espoirs.

Voilà, à peu près, ce que j’ai vu là-bas.

Et voilà ce qu’a riposté le Premier Ministre: il a donné, dès le premier jour, l’ordre d’attaquer avec une sauvagerie inouïe, des jeunes qui ressemblent plus à des jeunes bobos d’ici qu’à des terroristes. Il essaie d’attiser les haines, en disant que les manifestants (qui fuyaient la police) sont entrés dans une mosquée avec des chaussures et qu’il va le prouver. Il appelle son électorat («l’autre cinquante pour cent», comme il dit) à se rassembler à seulement quelques kilomètres du parc le week-end prochain. Et il refuse tout dialogue avec un mouvement qui est aujourd’hui sans conteste, devenu national.

Erdogan, «life-coach» des modes de vie de tout un peuple

Par le passé, Recep Tayyip Erdogan nous avait bien montré sa mégalomanie. En parlant de lui à la troisième personne. Il veut construire «la plus grande mosquée du monde qui sera vue de partout dans la ville» sur une colline alors qu’il n’y aucune habitation autour. Il s’improvise à la fois urbaniste (il décide seul du réaménagement d’une place), architecte (des plans de construction), gynécologue (de la pilule du lendemain et de la durée légale pour l’avortement), Sheik-ul Islam (des fatwas) et même «life-coach» des modes de vie de tout un peuple.

Quant à moi, auteure dramatique franco-turque, j’y vois forcément un roi digne de Shakespeare. Un personnage qui se voit comme le leader de toute une région. Un personnage qui veut laisser derrière lui des chantiers pharaoniques mais aussi un projet de proximité : un «shopping mall» et une mosquée dans chaque quartier, comme s’il disait au peuple «consomme et prie en permanence». Un personnage qui ne peut pas se contenter des pouvoirs d’un simple Premier ministre. Un personnage qui se veut à la fois Sultan, Khalife et Prophète. Un personnage qui veut son mausolée dans la plus grande mosquée du monde.

La dramaturgie shakespearienne est si solide, qu’avec de tels personnages, on peut créer à la fois des comédies et des tragédies. L’avenir nous le dira.

Du 21 février au 29 mars 2013

Manifestation en partenariat avec la Mairie du 12ème arrondissement de Paris, l'Institut culturel Roumain, Le Souffleur, Pro Diaspora France, Le Taurillon et Théâtre.com.

Saison roumaine en Syldavie


21, 22, 23 et 25 février – 20h30

Dimanche 24  16h

 Théâtre / Spectacle

LE SEPTIÈME KAFANA
de Dumitru Crudu, Nicoleta Esinencu et Mihai Fusu, mise en scène Nathalie Pivain

Traduit du roumain par Danny Rossel, publié aux éditions l’Espace d’un instant
Avec Céline Barcq, Frédéric Gustaedt, Salomé Richez, et la participation de Nathalie Pivain
Assistante Céline Meyer
Création lumière Raphaël De Rosa
Régie Dominique Dolmieu
Compagnie Fractal Théâtre

Le Septième Kafana ou la traite des femmes dans notre Europe occidentale ; elles sont invisibles et nues, en périphérie de nos grandes villes.

Le Septième Kafana est un projet sur les femmes vendues, les esclaves sexuelles et les femmes revenues. Ses auteurs sont des artistes engagés en République de Moldavie. L’étonnement terrible qu’il y ait un trafic de femmes dans une Europe qui tente paradoxalement une parité de plus en plus grande. Il y a eu la chute du Mur, la guerre des Balkans. Nicoleta Esinencu, Mihai Fusu et Dumitru Crudu, alertés dans leur statut de citoyen et d’intellectuel décident, à l’aide de l’écriture dramatique, de faire acte de prévention face à l’ignorance dans laquelle se trouvent la plupart des femmes volées. L’art comme conscience. Ils sont allés à la rencontre de femmes revenues, des rescapées de la traite, et ont présenté Le Septième Kafana dans les petites villes et les villages de Moldavie. « Kafana » signifie « bar » ou « bar à café » dans certaines régions d’Europe du Sud-Est. Lors d’entretiens avec les femmes victimes de la traite, les kafanas étaient mentionnés comme les lieux dans lesquels elles avaient été exploitées. Les femmes ont été vendues d’un kafana à l’autre. Le nombre sept est symbolique et réel à la fois. Il reflète l’histoire d’une femme qui a réussi à s’enfuir de cette situation d’exploitation et de coercition lorsqu’elle se trouvait au septième kafana. Au-delà de sept kafanas, une femme perd la vie ou sombre dans la démence. Le texte est construit à partir de récits et d’interviews où les questions ne sont pas toujours présentes mais se devinent dans les récits énoncés. Il y a une pauvreté de la langue, comme si les auteurs s’étaient attachés à faire entendre la misère culturelle d’une classe sociale asphyxiée économiquement. (...) Il n’y a pas de retranscription poétique ou singulière dans l’écriture donnée à leurs témoignages. (...) La prostitution forcée, organisée par des réseaux criminels, a enlevé le langage. L’écriture est brute. Notre désir est de porter la parole de ces femmes dans l’espace vivant qu’est un plateau de théâtre. Le Septième Kafana est de cet ordre : sous l’effroi, il y a la vie sensible, celle que l’on ne peut atteindre.

1er mars - 20h30

Littérature / Cabaret

MOI LE MOT OU LE CABARET DES MOTS VIVANTS
de Matéi Visniec

Carte blanche à Matéi Visniec et à ses invités Victor Quezada et la Compagnie UMBRAL

Au programme, une lecture et un voyage initiatiques dans le labyrinthe de la parole, accompagnés d’une dégustation de charcuterie et vins roumains.

Au cours de ce périple, l’improvisation crapahute entre les pages des quelques 30 pièces et recueils poétiques commis par Matéi Visniec depuis son arrivée en France en 1987. Elle les épouse, les caresse, s’en détourne, les provoque, les bouscule tour à tour, avec toujours en mire la même intention de confronter le monde, d’explorer les collisions, les passages, les effleurements et surtout les désillusions humaines. Une volte entre deux cultures,deux pays, deux langues, sur les principaux motifs qui traversent l’oeuvre de Visniec : l’homme et le pouvoir, le lavage de cerveaux, la mort de l’utopie, le grotesque des idéologies.

Matéi Visniec est poète, journaliste et surtout homme de théâtre franco-roumain. Il est l’un des auteurs dramatiques roumains vivants les plus joués dans le monde, de Milan à Tel Aviv et de Los Angeles à Tokyo. En tout, son nom a été à l’affiche dans une trentaine de pays. Très présentes au Festival d’Avignon (off) avec une quarantaine de créations, ses pièces sont régulièrement montées à Paris - au Théâtre du Rond Point, au Studio des Champs Elysées, au Théâtre de l’Est Parisien, au Ciné 13 Théâtre, au Théâtre International de Langue Française, au Théâtre du Guichet Montparnasse et au Théâtre de l’Opprimé notamment.

Victor Quezada-Perez est comédien, auteur et metteur en scène, directeur de la Compagnie UMBRAL qui accueille Matéi Visniec en résidence d’écrivain en 2013. Il travaille autour des textes de Matéi Visniec depuis 2004 et a monté et mis en clown plusieurs textes majeurs comme Petit Boulot pour Vieux Clown et L’Histoire du Communisme racontée aux malades mentaux. Il traduit l’unique pièce de théâtre de Luis Sepulveda, Les Funérailles de Neruda, qu’il met en scène avec le groupe Quilapayun. Il est artiste en résidence aux Etats-Unis afin de former la troupe de théâtre Trap Door Theatre de Chicago à la mise en scène de la pièce The Arsonists de Max Frisch, et bientôt de La résistible ascension d’Arturo Ui de Bertolt Brecht.

Le soir du cabaret seront exposés les dessins d’Andra Badulesco-Visniec.

8 mars – 19h30

● Théâtre d’objet / Chantier

M.A.D. (MANIPULER À DISTANCE)
de Cristina Iosif, avec la collaboration d’Alexandra Badea

En Transhumance à la MEO, co-production Le Tas de Sable - Ches Panses Vertes, avec la participation de Romain Landat

Aujourd’hui, du matin au soir, un événement aura lieu dans la ville. Les seuls témoins seront les objets et le vent.

Le rapport à l’objet constitue un territoire que nous avons choisi d’investir, eu égard à la profusion d’objets produite par l’être humain pour explorer et s’adapter au monde. m.a.d s’interroge sur ce thème par le biais du nomadisme culturel, phénomène qui permet de mieux parvenir au hasard et à la surprise, importants pour le théâtre de marionnettes. Cristina Iosif

Le projet m.a.d. se compose de trois volets :
1. Tempête : court-métrage sur la vie des objets dans la rue, où l’on utilise la technique de manipulation à distance à l’aide d’un chasse-feuilles électrique.
2. Matières : recherche sur les matières et les mouvements qu’elles peuvent provoquer et entretenir d’elles-mêmes dans l’espace scénique.
3. m.a.d : spectacle issu d’un travail avec la dramaturge Alexandra Badea et nourri des deux laboratoires précédents.

Cristina Iosif est diplômée de l’Université Nationale d’Art Théâtral et Cinématographique de Bucarest et de l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (Charleville-Mézières).

Metteur en scène et auteur, Alexandra Badea travaille dans plusieurs pays francophones, ses textes étant édités chez L’Arche Éditeur. Elle est l’auteur de Mode d’emploi, Contrôle d’identité, Burnout, Pulvérisés, Je te regarde. Elle a mis en scène Histoires de famille de Biljana Srbljanović, Lebensraum (Espace vital) d’Israël Horowitz, Blaubart de Dea Loher, 69 d’Igor Bauersima, Le Complexe Roumanie, Comment Barbie traverse la crise économique et Cherche mon pays sur google de Mihaela Michailov, et ses textes Contrôle d’identité et Mode d’emploi. En mars 2013 son texte Burnout sera crée à la Comédie de Reims, dans une mise en scène de Jonathan Michel. Elle est auteur en résidence à Mains d’Œuvre, dans le cadre du dispositif de la région Île-de-France.

Ce projet est soutenu par l’Institut International de la Marionnette

14 mars – 19h30

  Théâtre / Chantier

COMPTE À REBOURS
de Saviana Stănescu, mise en espace Valérie Antonijevich, scénographie James Brandily

Traduit du roumain par Mirella Patureau, publié aux éditions l’Espace d’un instant
Avec Yves Buchin, Laurène Cure, Evelyne Roulier et Frédéric Jeannot
Collectif Maquis’arts et Cie en Transhumance à la MEO

Zozo est une jeune femme qui erre de train en train. Elle crée des ballons/enfants en série. Autour d’elle : uncontrôleur violeur, un père fossoyeur, une mère pleureuse aux enterrements, un mari infanticide.

Compte à rebours est un règlement de comptes. C’est une bombe qui nous éclate à la gueule. D’ailleurs, quand on tient le texte entre ses mains, on ne sait pas trop comment le prendre ; comme un enfant nouveau né avec une tronche de tête de mort.

Chape de plomb des dictatures
Saviana Stănescu est sans pitié ; elle trempe sa plume dans un jus acide aux effluves dadaïstes pour faire voler en éclats un système patriarcal et phallocrate brutal qui avilit la femme et la réduit au rôle de génitrice. La dictature noire des Ceausescu - représentés ici par un couple de fossoyeurpleureuse mégalomanes, ancrés dans une tradition morbide - s’emploie de son côté à éliminer toute autre forme de création, en particulier artistique. Le mauvais traitement que Saviana Stănescu s’amuse à infliger à ses personnages est un écho rageur à ceux qu’ils infligent à son héroïne, Zozo, figure emblématique de jeunes femmes et d’artistes sacrifiées.

Avec la complicité des mères
L’obsession de Zozo de devenir mère, et ce depuis son plus jeune âge, répond à la culpabilité ou à la peur de chaque femme de ne vouloir ou ne pouvoir pas l’être. La femme, digne descendante d’Eve se doit d’être épouse (bonne), mère (bonne), et gardienne du foyer.

Etapes d’une folie annoncée
Zozo, privée dès l’enfance d’une possibilité d’un devenir de femme et d’artiste, échoue dans le seul rôle qui lui soit alloué par la société et bascule du côté de la folie. Cette marginalisation est un fragile expédient à la férocité et à la tyrannie d’un monde dit normal.

Ce projet est soutenu par la Direction des Affaires culturelles de la ville d’Aubervilliers.

Du 21 au 23 mars – 20h30

Théâtre / Spectacle

KICHINEV 1903
de Zohar Wexler


© Béatrice Logeais

mise en scène et jeu Zohar Wexler
collaboration artistique Catherine Abecassis
création vidéo Marie-Elise Beyne
création lumière Christian Pinaud et Paul Baureilles
scénographie Vincent Tordjman
costumes Cidalia Da Costa
son et images Dominique Lacour
musique Teddy Lasry
montage vidéo Céline Ducreux
maquillage Sophie Niesseron
administration Marion Levrard
production Cie Le Réséda en Transhumance à la MEO
texte publié aux éditions l’Espace d’un instant

Kichinev 1903 – cent dix ans plus tard, la voix du poète résonne encore.

Les 6 et le 7 avril 1903, le dernier jour de Pessah fut aussi le jour de Pâques. Pendant ces deux jours, un pogrom s’est déchaîné dans la ville de Kichinev, en Bessarabie, tuant une cinquantaine de personnes et blessant plusieurs centaines de Juifs. Ce pogrom suscita une réaction vive dans le monde. Le poète Haïm Nahman Bialik y est envoyé par une commission pour recueillir les témoignages des victimes du pogrom. Bouleversé, il écrit le poème Dans la ville du massacre. C’est un cri de rage qui enjoint les Juifs à prendre leur destin en main et à défendre leur dignité d’homme. Le poème est entendu et finit par avoir un vrai impact sur l’Histoire. Il commence par une déambulation du poète dans la ville après le massacre. Nous voyons à travers ses yeux, les images de l’horreur mise à nu et la beauté de la nature ; c’est le printemps, les acacias sont en fleurs et le soleil brille. Bialik s’adresse au lecteur dans la langue des prophètes et ordonne : « Lève-toi et va dans la ville du massacre ! » Les images décrites dans le poème reviendront amplifiées, quarante ans plus tard, pendant la Shoah.

Nissan et Zina Wexler, les grands-parents de Zohar, sont nés à Kichinev. Ils sont partis vivre en Palestine en 1933. Ce spectacle est aussi un voyage personnel, un retour sur les lieux de l’enfance et sur les traces des grands-parents. Zohar Wexler pose la question de son identité et celle de sa place dans la grande histoire, dont le pogrom de Kichinev est le point de départ.

Le spectateur est tout d’abord convié à faire un voyage dans le temps et dans l’espace. Zohar Wexler retrouve son histoire familiale enfouie depuis plus de cent dix ans et la raconte. Les découvertes sont inattendues. Puis les mots remplacent les images. C’est la force de la poésie : le spectateur crée lui-même le voyage dans son imaginaire.

Ce projet est soutenu par la DRAC Île-de-France, l’Institut français, l’Association européenne pour la culture juive, La Mairie de Paris, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, l’Ambassade d’Israël, le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, M. Alain Ziegler, M. Adi Adiri YARDEN et M. Bruno Rohmer.

Du 22 au 25 mars

Littérature / Salon

SALON DU LIVRE DE PARIS
Les lettres roumaines à l’honneur

Avec Nicoleta Esinencu, Alina Nelega et Matéi Visniec, auteurs publiés aux éditions, l’Espace d’un instant.

Programme des rencontres :

Samedi 23 mars 16h-17h :
Le théâtre roumain : texte ou réalité de l’absurde ?
Si la réalité dépasse la fiction, le théâtre est-il encore absurde ou tout simplement réaliste ?
Avec Nicoleta Esinencu, Alina Nelega et Constantin Abaluta
Modérateur Paul Cernat
Salle Reed Expo

Dimanche 24 mars 11h-12h :
L’absurde, mais après ?
Avec Alina Nelega et Nicoleta Esinencu
Modératrice Mirella Patureau
CNL Agora

Dimanche 24 mars 17h30-19h :
Fraîcheur et incandescence : la nouvelle vague du théâtre roumain
Incisif, subversif, le théâtre roumain en direct du quotidien
Avec Nicoleta Esinencu, Alina Nelega, Valentin Nicolau, Matei Visniec
Modérateur George Banu
Scène des Auteurs

Programme des signatures en cours
Programme mis à jour sur www.salondulivreparis.com

26 mars – 20h30

Théâtre / Spectacle

BENJAMIN FONDANE ÉCRIT À LOUIS-FERDINAND CÉLINE
textes de Benjamin Fondane, par Benoît Vitse

1933, tout était encore possible.

Benjamin Fondane, alias B. Fundoianu, né Benjamin Wechsler (ou Wexler) le 14 novembre 1898 à Iasi, en Roumanie, et mort le 2 ou le 3 octobre 1944 dans une chambre à gaz du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, est un philosophe, poète, dramaturge, essayiste, critique littéraire, réalisateur de cinéma et traducteur juif roumain, naturalisé français en 1938. En Roumanie jusqu’en 1923, il écrit des poèmes, s’intéresse au théâtre et publie des articles. En France, son oeuvre poétique est importante : Le Mal des Fantôme, Ulysse... En 1936, il part pour l’Argentine où il réalisera plusieurs films.

Ce spectacle est un instantané, une photographie de la situation des intellectuels lors de la montée des fascismes en Europe. Comment Fondane, écrivain juif, pouvait-il en 1933 correspondre avec Céline? Dans ce dossier, il importe avant tout d’éviter les anachronismes et les grilles de lectures induites par les destinées des deux protagonistes. Fondane sera victime de l’antisémitisme d’Etat et de la Collaboration avec le nazisme, arrêté, déporté et assassiné à Auschwitz en 1944. Céline aura la trajectoire du pire que l’on connaît, rejoignant bientôt la meute d’un antisémitisme d’Etat qui a conduit au génocide juif. C’est dans un catastrophisme désespéré que se trouve probablement l’explication de la coïncidence provisoire et inattendue des visions du monde de Benjamin Fondane et de Louis-Ferdinand Céline.
Olivier Salazar-Ferrer ("Dans l’obscurité de la parole")

 27 mars – 20h30

Théâtre / Chantier

CHERCHE MON PAYS SUR GOOGLE !
de Mihaela Michailov, mise en espace Clémence Gross

Traduction et collaboration artistique Alexandra Lazarescou
Avec Kim Koolenn, Marc Le Gall, Baptiste Mallek, Raphaël Mallek, Isabelle Micottis, Patricia Morejón, Louna Muratti, Léo Poulet et Renaud Triffault

Mihaela Michailov
présentera la pièce avant la lecture

Texte à paraître aux éditions l’Espace d’un instant

Face à la suprématie des instances politiques et des clichés raciaux, on l’ouvre ou on la boucle ?

Avec Cherche mon pays sur google !, Mihaela Michailov dresse un portrait au vitriol des questions identitaires et communautaires qui agitent la Roumanie et dépeint des scènes de la vie raciste : la discrimination dont sont victimes les Noirs et les Roms vivant dans ce pays.

L’auteure passe au crible les actes de violence, les dérapages de comportement et de discours, la haine de la différence, la peur de l’Autre. Voici un projet qui dessine une belle ligne d’horizon : l’avènement d’un théâtre de protestation, une sorte de théâtre d’agitprop du XXIe siècle : un théâtre critique, sans concession, politique et provocateur. Au sein d’une indifférence quasi-généralisée, voici une voix émergente qui tente de trouver un espace de résistance contre les mouvements intégristes, les propos haineux et la violence qui se déchaînent aujourd’hui.

Loin d’être anecdotique, informatif ou événementiel, Cherche mon pays sur google ! rappelle avec force et justesse les origines mêmes de notre situation et notre responsabilité de citoyens européens. Car au-delà des frontières de la Roumanie, les mesures politiques européennes, notamment françaises, prises à l’égard des Roms, sont indignes et irrespectueuses des droits de l’homme.

Pièce traduite à l’initiative et avec le soutien de la Maison Antoine Vitez Centre international de la traduction théâtrale, à Paris.

28 mars – 19h30

Poésie / Lecture - rencontre

RA(TS)
de Rodica Draghincescu

Lecture par Rodica Draghincescu
Ouvrage publié aux éditions du Petit Pois
Illustrations Marc Granier

Telle une plume de colombidé sur la bouche du vent
Autodévorante, marque l’absence de corps
C’était hier maintenant à la lisière des miroirs effilés
Dans le lendemain du passé, une griffe pleine de rancoeur
Menaçante, à l’affût des premiers (é)moi(s), tranche le matin, le cisaille, le sépare de ma tête

Faut-il rencontrer un mort sur son chemin pour prendre conscience des réalités présentes et retrouver son pays de mémoire ou métaphysique ? Avec ce nouveau recueil, Rodica Draghincescu nous invite à déambuler dans son train de poésie pour un voyage particulier où le terminus n’est qu’une autodérision, le constat d’une absence, d’un néant en instance. La poésie devient une danse rituelle, un sacrifice - une voie conduisant sur un possible retour à
l’enfance ?

Rodica Draghincescu est née à Buzias (Roumanie). Elle représente les auteurs anticonformistes, issus de la chute du régime politique de Ceausescu, génération d’artistes performeurs que la critique appelle « la ‘90 ». Dans la presse roumaine, Rodica Draghincescu fut longtemps considérée « le porte-drapeau de la nouvelle génération d’écrivains ».

Universitaire, écrivain, poète et essayiste bilingue (roumain et français), ses premières publications datent de 1993. Depuis, recueils poétiques et romans se succèdent en France, au Canada, en Allemagne. Rodica Draghincescu recevra le prix européen de littérature et poésie « Virgile » le 15 juin 2013 par le Cénacle européen de Poésie.

29 mars – 20h30

Poésie / Récital

PARIS-BUCAREST / ALLER-RETOUR
par M. Delagare & Cie

Textes Mariana Codrut, Daniel Corbu, Traian T. Cosovei, Florin Iaru, Veronica Steiciuc, Valeriu Stancu, Mihai Ursachi, Matéi Visniec et Lucian Vasiliu
Avec Mustapha Aouar (voix), Eric Recordier (contrebasse), Aurélien Rozo (guitare) et Sandrine Lancien (vidéo)
Production Cie de la Gare

Ici ou là, peu importe ! Il n’y a pas d’endroit pour l’envers.

Voyage entre jazz et poésie, entre mélodie à la française et swing à la roumaine. Un aller-retour haletant plein d’imprévus sur un paysage qui défile sur les cordes électriques d’une guitare courtcircuitée par le rythme. Le tout, à la vitesse contrebassique d’un chant transporté. À dessein, c’est un spectacle d’images et de mots qui s’emmêlent comme les crayons d’une boîte de couleurs. L’intention du trait marque la transparence de la matière comme le geste vif de la pointe qui fend l’eau et l’éclabousse.

Bucarest. Décollage ! Gueule de bois et retour de manivelle. Trois heures plus loin, ça roule sur le tarmac et stop. Débarquement à Paris, c’est fini ! Reste l’air sous la langue, enlacé qui déroule le français. Les mots passent, les images restent. Couleurs tremblées, lumière intermittente. A nouveau la raison s’envole et le coeur y est... à nouveau ! Au programme, trois gaillards débarqués font leur cinéma, prêts pour un spectacle qui compte autant de titres que de poètes, comme une invitation au voyage, un retour de film en somme. Ici ou là, peu importe ! Il n’y a pas d’endroit pour l’envers.
Monsieur Delagare

La Cie de la Gare est subventionnée par la DRAC Île-de-France, le Conseil Régional d’Île-de-France, le Conseil Général du Val-de-Marne et la ville de Vitry-sur-Seine.

Du 19 au 23 octobre 2012

Vendredi 19 octobre | 19h30 | Maison d’Europe et d’Orient

Vernissage d’Une parade de cirque - anthologie des écritures théâtrales contemporaines de Croatie, sous la direction de Nataša Govedić, avec la collaboration de Dominique Dolmieu et de Miloš Lazin

Direction Dominique Dolmieu
Avec Céline Barcq, Fabrice Clément, Franck Lacroix, Aurélie Morel, Barnabé Perrotey et Federico Uguccioni
Production Théâtre national de Syldavie / Maison d’Europe et d’Orient

Sur la rive droite du Danube, le théâtre se transformerait donc presque en un cirque : en parade, en cortège, en défilé, en foire... En piste. Des clowns, perles de la scène croate, aussi nombreux que les îles sur l’Adriatique. Un roi, Gordogane, aussi incontesté qu’ubuesque. De 1915 à 2012, un siècle d’écritures et de projets, seize textes, pour la plupart inédits, au cours desquels on croise un Hamlet au village, une femme enceinte par intermittence, un curé saboteur de préservatifs, un lapin blanc sorti des fourrés, un ours échappé de la bourse du travail... Des encyclopédies comme si on en respirait, des roses qui fleurissent comme du temps perdu. Dans cette anthologie, la première du genre publiée hors de Croatie, Nataša Govedić examine le lien indéniable entre ce pays et son écriture dramatique. Elle détermine une lignée ludique, portée par des héros à la merci des aléas de l’Histoire.

Nataša Govedić, professeur du Conservatoire d’art dramatique de l’Université de Zagreb, est l’une des plus éminentes critiques théâtrales en Croatie. Dominique Dolmieu, metteur en scène, est fondateur de la Maison d’Europe et d’Orient, pour laquelle il a réalisé différentes anthologies sur les écritures théâtrales d’Europe orientale. Miloš Lazin, metteur en scène, professeur d’art dramatique et chercheur, est l’un des principaux spécialistes du théâtre de l’espace culturel yougoslave dans le monde francophone.

Au programme, lecture d’extraits de :
La Représentation de Hamlet au village de Mrduša-d’en-bas
, d’Ivo Brešan
Le Grand Lapin blanc, d’Ivan Vidić
L’Encyclopédie du temps perdu, de Slobodan Šnajder
Respire !, d’Asja Srnec Todorović

Une parade de cirque - anthologie des écritures théâtrales contemporaines de Croatie

Une parade de cirque - anthologie des écritures théâtrales contemporaines de Croatie
Sous la direction de Nataša Govedić, avec la collaboration de Dominique Dolmieu et de Miloš Lazin.

Ouvrage réalisé en partenariat avec Eurodram – réseau européen de traduction théâtrale, et publié aux éditions l’Espace d’un instant à l’initiative de la Maison d’Europe et d’Orient, avec le soutien du Centre national du Livre, de la Fondation du Crédit Coopératif et du Ministère de la Culture de la République de Croatie.



Dimanche 21 octobre | 19h30 | Maison d’Europe et d’Orient

Le Cinquième Évangile
de Slobodan Šnajder, traduit du croate par Ubavka Zarić, avec la collaboration de Michel Bataillon

Lecture-performance :
Direction Miloš Lazin
Avec Fabrice Clément, Nicolas Combrun, Élodie Guizard, Marion Jean, Franck Lacroix, Martin Legros et Federico Ugucionni
En présence de Slobodan Šnajder
Coproduction Compagnie Mappa Mundi / Maison d’Europe et d’Orient

Le canon biblique reconnaît quatre Évangiles, bien qu’il en existe d’autres que nous appelons apocryphes. Du terme grec – apocryphe – émane une dimension cachée, secrète, hérétique. Ilija Jakovljević, poète et journaliste, détenu durant la Seconde Guerre mondiale dans un camp d’extermination considéré comme le pendant croate d’Auschwitz, a réussi à tenir un journal quotidien en le cachant dans ses chaussures, en dépit du danger de mort que cela pouvait représenter... pour être finalement liquidé, après la libération, par ceux-là mêmes pour lesquels il avait été emprisonné ; il s’agissait d’une purge antistalinienne classique exécutée selon des méthodes staliniennes et maquillée en suicide. Jakovljević n’était pas un « homme du Parti », et aujourd’hui encore il reste une zone d’ombre quant à comment il a survécu au camp. Cet homme au destin tragique a été au centre des événements dont il s’est fait le témoin en les retranscrivant studieusement dans un langage codé. De ce qui s’est réellement passé derrière les barbelés, nous n’avons pratiquement pas de témoignages directs, exception faite des griffonnages de la section prétendue « spéciale » (Sonderkommando), composée de Juifs chargés « d’actionner » les fours crématoires d’Auschwitz. Mais nous savons bien qu’ils n’ont pas survécu à ce qu’ils ont vu. En s’appuyant sur le journal de Jakovljević, finalement publié en Croatie en 1999 dans l’indifférence générale, Šnajder a écrit un nouvel Évangile. C’est le drame de la peur sans espoir, de l’enfer sans purgatoire. C’est l’Évangile adressé au silence de Dieu, mais aussi un message compassionnel de l’auteur à un homme qui fut avalé par l’Histoire.

Le Cinquième Évangile, de Slobodan Šnajder
Traduit du croate par Ubavka Zarić, avec la collaboration de Michel Bataillon.
Œuvre traduite avec le soutien du Centre national du Livre et de la Maison Antoine-Vitez, et publiée aux éditions l’Espace d’un instant, à l’initiative de la Maison d’Europe et d’Orient, avec le soutien de Balkans-Transit, de la Fondation du Crédit Coopératif, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et du Ministère de la Culture de la République de Croatie.

 Mardi 23 octobre | 12h30 | Théâtre du Rond-Point

L’Encyclopédie du temps perdu, de Slobodan Šnajder, traduit du croate par Mireille Robin et Karine Samardžija

Lecture :
Direction Dominique Dolmieu
Avec Céline Barcq, Fabrice Clément, Michel Fouquet, Nouche Jouglet-Marcus, Franck Lacroix, Cyril Lévi-Provençal, Aurélie Morel, Barnabé Perrotey, Salomé Richez, Christophe Sigognault et Federico Uguccioni
En présence de Slobodan Šnajder
Production Théâtre national de Syldavie / Maison d’Europe et d’Orient, dans le cadre des Mardis Midi, coproduction Théâtre du Rond-Point, les eat (Écrivains Associés du Théâtre), À Mots Découverts et Influenscènes, avec le soutien de la SACD.

Gregor Samsa, personnage d’une vie ordinaire, a participé, en tant qu’ouvrier sidérurgiste, à l’effort national de la Yougoslavie communiste, quarante ans durant, à la sueur de son front. Il voit ses convictions s’effondrer avec la privatisation de son usine. Alors que l’usine va être bradée pour un euro symbolique, il est pourchassé par la Mort, qui revêt ici les traits d’une femme fatale, Angelina de la Mortaime. Samsa, considérant qu’il n’a pas vécu, décide d’ouvrir les négociations : il exige de la Mort que chaque instant perdu lui soit remboursé en monnaie de vie. Commence alors un long pourparler qui le conduira jusqu’aux instances divines et le plongera dans un entre-deux monde, sur fond de crise sociale.

Mardi 23 octobre | 19h30 | Maison d'Europe et d'Orient

Rencontre avec Slobodan Šnajder
En présence de Dominique Dolmieu et Miloš Lazin

Slobodan Šnajder, auteur dramatique, est né en 1948 à Zagreb, en Croatie. Son activité de dramaturge, d’éditeur et d’éditorialiste en font un personnage incontournable du paysage culturel européen. Exilé en Allemagne pendant la période Tudjman, il a ensuite été directeur du ZKM, le Théâtre de la Jeunesse de Zagreb, de 2001 à 2004. Ses pièces ont été créées dans de nombreux pays d’Europe, ainsi qu’en France, par Miloš Lazin. Ses textes ont été créés en Allemagne, en Autriche, au Danemark, aux Etats-Unis d’Amérique, en France, en Géorgie, en Irlande, en Israël, en Italie, en Norvège, en Pologne et dans les pays issus de la Yougoslavie. Il a reçu le prix Marin Držić, attribué par le Ministère de la Culture de la République de Croatie à la meilleure oeuvre dramatique de l’année, en 2008, pour sa pièce Comment Dunda sauva sa patrie (d’après Boule de suif de Guy de Maupassant) et l’année suivante pour l’Encyclopédie du temps perdu, ainsi que le prix du Théâtre Royal de Cetinje (Monténégro) pour la même pièce en 2010. Il a été fait docteur honoris causa de l’ESRA, l’Université des arts audiovisuels Paris-Skopje-New-York, en 2012.

Il a écrit plus de cinquante pièces et publié de nombreux livres. Il a également publié des récits , des nouvelles, un roman, et plusieurs livres de chroniques sociales et politiques écrites précédemment dans différents journaux croates et serbes, pendant et après la dernière guerre. Les oeuvres choisies de Slobodan Šnajder ont été publiées en 9 volumes chez Prometej, Zagreb, entre 2005 et 2007.

Les éditions l’Espace d’un instant ont publié La Dépouille du serpent (2002), Le Faust croate (2005) et Le Cinquième Évangile (2012).