La Ville de Paris a accompli un geste fort en doublant sa subvention à la Maison d'Europe et d'Orient, lui permettant ainsi d'éviter la fermeture immédiate. Mais dans le même temps, l'Agence nationale pour la Cohésion sociale et l'Égalité des chances lui a retiré tout soutien. Côté région Île-de-France et ministère de la Culture, il faudra attendre la rentrée pour en savoir plus.

Le Conseil de Paris vient de voter deux aides exceptionnelles, l’une de 6.000 € (destinée à payer l’augmentation rétroactive des loyers de la RIVP), et l’autre, sur proposition du groupe Europe Ecologie – Les Verts, pour un amendement budgétaire de 30.000 €. Cette décision, s’ajoutant aux 28.000 € déjà prévus par la DAC et les 5.000 € de la mairie du 12ème, portent l’aide globale de la Ville de Paris à la MEO à 69.000 € pour 2013. Cette décision fait plus que doubler la subvention de la Ville par rapport à 2012, et pour 2013 le financement de la Ville serait désormais équivalent à celui de la région Île-de-France, et à près du double de celui de l’Etat. Nous en remercions très chaleureusement le Maire de Paris Bertrand Delanoë, ainsi que sa conseillère Rima Abdul-Malak ; Bruno Julliard, adjoint au maire chargé de la Culture, ainsi que son conseiller Hector Raffaud ; Danielle Fournier, co-présidente du groupe EELV, et Christophe Najdovski, adjoint au maire de Paris.

La MEO est soutenue également par la Région Ile-de-France, ce dont elle lui est reconnaissante.

Ce soutien consiste en deux emplois tremplins, une permanence artistique de 30.000 € (PAC, deuxième année) et deux soutiens ponctuels, l’un de 10.000 € pour 17 mois de résidence pour 3 artistes (dont les deux tiers en 2014), et l’autre de 15.000 € des affaires internationales pour notre semaine de la diversité linguistique. Nous recevions initialement 45.000 € au titre de nos activités littéraires, somme ramenée à 25.000 € à l’attribution de la PAC, alors que celle-ci était supposée venir en complément. 

Cette saison un certain nombre d’éléments nous ont fait croire que nous pouvions obtenir une aide au titre des fabriques, et nous en avons fait la demande (pour un montant de de 75.000 €). La deuxième a reçu l’avis favorable de l’administration, mais n’a pas été retenue par le vice-président chargé de la culture, ni par la présidente de la commission culture. Nous contestons les modalités et les choix de la région concernant ce programme, dans les mêmes termes que le réseau Actes-if (à consulter ici). En ce qui concerne la MEO, ces refus étaient motivés par sa trop petite taille et sa localisation à Paris.

Nous avons alerté le président de la région sur les conséquences de cette décision. Lors d’un échange avec le vice-président de la commission culture, nous avons compris que la région s’engageait sur une aide exceptionnelle du service livre, la date et le montant restant à préciser. Nous n’avons pas fait de demande au titre du livre pour 2013 : nous en aurions été physiquement et moralement incapables, sachant que ces aides ne sont pas cumulables, et que l’une des raisons principales du passage en fabrique était justement de réduire le nombre faramineux de demandes de subventions que la MEO effectue chaque année. 

Nous avons été reçus par le conseiller du vice-président chargé de la culture. Nous avions imaginé que serait au moins prévue la reconduction du montant 2012 (25.000 euros), et que le rendez-vous était plus destiné à des fins « diplomatiques », que nous allions voir ensemble s’il n’était pas possible de faire mieux, et que nous allions régler les questions techniques pour que ça rentre administrativement dans le bon cadre. Mais il nous a été confirmé que rien n’était prévu concernant la MEO, puisqu’elle n’avait pas fait de demande.

Nous pourrons donc faire à nouveau une demande de subvention au titre des organismes oeuvrant à la vie littéraire. Celle-ci devrait pouvoir être présentée à la commission permanente du 17 octobre, avec un éventuel versement d’un premier acompte 90 jours plus tard, soit en janvier 2014, et l’éventuelle aide ne pourra prendre en compte que les activités se déroulant au plus tôt 3 mois avant la commission, ce qui signifie que nos activités littéraires du premier semestre 2013 ne pourront pas être prises en compte. Par ailleurs, compte tenu de la situation de la MEO, celle-ci n’a pas d’autre choix que de supprimer deux postes au sein de son équipe, ce qui supprimera en toute logique les aides aux emplois-tremplins à partir de la rentrée.

Le soutien de la région à la MEO est donc, à ce jour, de 62.000 € pour 2013.

La MEO est encore soutenue par l’Etat, ce dont elle lui est reconnaissante.

Mais l’Agence nationale pour la Cohésion sociale et l’Egalité des chances, qui nous finançait à hauteur de 55.000 € en 2010, avait déjà réduit son soutien à 45.000 € en juillet 2011, puis à 20.000 € en juillet 2012. Nous l’apprenons aujourd’hui même, en 2013 sa subvention est définitivement supprimée. Pour mémoire, la MEO avait été la première association travaillant avec l’Europe de l’Est à être financée par le FASILD (ancien ACSE). Nous remercions chaleureusement Catherine De Luca pour le soutien que l’ACSE a apporté à la MEO pendant près d’une décennie.

Au ministère de la Culture, à ce jour, pour 2013, la DRAC nous soutient comme chaque année sur l’accueil d’une compagnie en résidence pour 10.000 € ; de même la DGLFLF a renouvelé son soutien à notre semaine de la diversité linguistique à 8.000 € ; mais la SDAEI, dont le financement était de 35.000 € en 2009, a réduit sa participation à 10.000 € en 2013 ; et le CNL, qui finançait différents projets de la MEO à hauteur de 23.000 € en 2009, a réduit sa participation à 2.000 € en 2013. Par ailleurs notre demande de labellisation en scène conventionnée aux écritures théâtrales contemporaines, malgré un grand nombre de soutiens dont une quinzaine de ministres, députés et sénateurs, n’a toujours pas reçu de suite favorable.

Le soutien total de l’Etat à la MEO est donc, à ce jour, avec quelques aides à l’emploi, de 41.000 € pour 2013.

Ci-dessous un extrait de notre dernier échange avec le conseiller pour le spectacle vivant auprès du ministre de la Culture, donnant la position du ministère au sujet de la MEO :

Pour faire suite à nos échanges, je vous confirme le souhait de Madame la ministre de la culture et de la communication de proposer une réunion à l'ensemble des partenaires de la Maison d'Europe et de l'Orient afin de faire le point sur votre situation et d'envisager collectivement les dispositions à prendre pour permettre la poursuite de vos activités. Je vais donc en prendre l'initiative en coordination avec la DRAC ile de France et contacter l'ensemble de vos interlocuteurs.
J'ai pris bonne note de l'évolution du dossier, en particulier du soutien de la Ville de Paris, de l'intérêt manifesté par la Région Ile de France et de votre prochain rendez-vous avec [la directrice régionale des affaires culturelles]. Après avoir échangé au sein du Ministère sur votre dossier, il me semble, et sous réserve de l'accord des parties prenantes, que cette réunion pourrait se tenir directement au niveau Ville, Région, Etat, et ceci dès les premiers jours de septembre afin de tenir compte de vos échéances. Mon secrétariat prendra contact avec vous à cet effet.

Quand à nos ressources propres, elles sont estimées à 51.000 euros pour 2013.

En raison d’une alerte émise par notre commissaire aux comptes, nous avons donc dû prendre des mesures, sous peine de voir notre cas signalé au tribunal de grande instance. Les 2 postes de chargés d’administration et de communication ont été supprimés, il ne reste donc plus que deux permanents à la MEO. Celle-ci sera donc quasi muette à partir de la rentrée. Les derniers livres, qui devaient sortir au printemps, sortiront à l’automne, afin de pouvoir récupérer différentes subventions. L’arrêt de toute commande de traduction et de publication est maintenu. Une nouvelle soirée de soutien sera organisée début septembre. L’équipe de la MEO reconduit sa grève, toute symbolique, car le travail n'a pas cessé.

Nous tenons à remercier tous les amis de la MEO, et notamment le SYNAVI et le réseau Actes if, pour le soutien qu’ils continuent à nous témoigner.

L'équipe de la MEO.